PEREITA’I & LA CONQUE SACRÉE

La légende de la conque sacrée

Jadis, dans le district de Tefana i Ahura’i (Fa’a’ā), vivait une princesse qui s’appelait Pereita’i.

Fille du roi Maheanu’u et de la reine Moe, elle avait un jeune frère, Mata’iruapuna, qu’elle aimait plus que tout.

Belle et charmante, elle passait ses journées sur les plages, au bord de l’eau avec ses servantes et ses amies de la haute noblesse.

Pereita’i rencontre Temuri

Un jour, sur la plage, accompagnée de ses amies, Pereita’i aperçut au loin Temuri qui pêchait.

Sa pêche à la ligne sans succès sur le rivage de Taunoa l’avait conduit à Fa’a’ā.

Jeune et beau, il était originaire de Pape'ete, des collines de Fautau’a.

Séduite, la princesse envoya son messager pour l’inviter à déjeuner. Ce qui fut chose faite.

Le repas terminé, Temuri fit don de ses plus beaux mulets et rentra chez lui avec un panier rempli de nourriture.

Le cadeau à la famille royale

Heureux, il raconta à ses parents sa rencontre avec Pereita’i.

Au lever du jour, le jeune homme fut envoyé à Fa’a’ā pour remercier la princesse.

Un panier rempli des mets de Fautau’a fut préparé par ses parents.

Il y avait des vī tahiti et des anguilles.

Appréciant le cadeau, le roi offrit en retour les célèbres māpē rôtis de son district.

Un amour interdit

Depuis ce jour, les deux jeunes gens se rencontrèrent régulièrement et finirent par s’aimer. Ne pouvant plus se passer l’un de l’autre, ils décidèrent de se marier.

Lorsqu’il apprit leur idylle, le roi Maheanu’u affirma son désaccord et bannit Temuri de Fa’a’ā. Une princesse ne pouvait pas s’unir avec un homme du peuple.

Pereita’i et son bien aimé décidèrent de s’enfuir à Papeno’o pour s’y marier et s’installer.

Mais, un Tahu’a ayant appris leur projet, tua le jeune homme qui mourut rapidement sous les coups de son casse-tête. Puis, il déposa son corps sur le marae en offrande au dieu Grillon.

Pereita’i à Ra’iātea

Le chagrin de la princesse fut si grand que le roi organisa un voyage aux Îles-Sous-Le-Vent avec l’espoir qu’elle aille mieux. Après un séjour à Huahine, la famille royale s’arrêta à Ra’iātea.

Peu de temps après, Pereita’i fut mariée à Teraimarama, le jeune Chef de l’île sacrée.

Un an s’écoula, et, alors qu’elle eut une petite fille, ses parents décidèrent de rentrer à Tahiti, laissant à ses côtés son jeune frère.

L’humiliation de la princesse

Quand vint la saison du battage de tapa, la princesse rejoignit un groupe de jeunes filles de l’île voisine et participa à la confection de l’étoffe.

Humiliée lorsque ces nouvelles amies apprirent l’existence de son enfant, Pereita’i courut se réfugier à Fa’aroa, à la pointe Teoraaotaha.

Un séjour dans le Pō

Alors qu’elle pleurait sur un gros rocher, elle s’aperçut que son frère l’avait suivie.

Voulant l’éviter, Pereita’i se jeta dans un trou noir près de la rivière, et tous deux se retrouvèrent dans le , dans le monde des esprits.

Accueillis par leurs ancêtres, ils y restèrent une année entière.

Durant leur séjour, Mata’iruapuna reçu la plus grande et la plus mélodieuse des conques appelée Pū-i-roroi-tau.

Rapidement, il apprit à en jouer. Chaque son était si fort qu’à la surface de l’eau, les habitants de Manotahi l’entendaient lorsqu’ils pêchaient près de la passe Tuatāmiro.

Le retour dans le monde des vivants

Quand vint le jour, Pereita’i et Mata’iruapuna reçurent l’ordre de rentrer dans le monde des vivants.

Conduits dans un tunnel donnant accès à la grotte Tuatāmiro de Manotahi, ils furent projetés à la surface de l’eau jusqu’à Nu’uroa.

Le jeune frère souffla très fort dans sa conque attirant ainsi l’attention des habitants qui les reconnurent. Rapidement, ils furent reçus par le grand Chef Pohuetea.

 

Pū-i-roroi-tau offerte au Chef de Puna’auia

Pour le remercier de son accueil, Mata’iruapuna lui offrit sa conque Pū-i-roroi-tau.

Alors, en souvenir de cet évènement, Pohuetea donna à son district Manotahi le nom de Pū-nā-’au-ia (la conque est mienne).

Plus tard, la belle conque consacrée aux dieux du grand marae de Puna’auia fut cachée, et jamais personne ne la retrouva.

Sources :

  1. HENRY, Teuira (1847-1915). Tahiti aux temps anciens traduit de l’anglais Ancient Tahiti par Bertrand Jaunez. Paris : Musée de l’Homme, 1951 – Collection Publications de la Société des Océanistes, 723
  1. PERE, Paul. Matahiapo de la Ville de PUNA’AUIA. Interview du 20 juin 2019.

 

LE ROCHER DES JUMEAUX À MURIAVAI

Le rocher des jumeaux à Muriavai

 

Situé à la sortie de l’embouchure de Punaru’u, entre Vaiparāoa et Vaitiamanino, un rocher gît au fond de la mer. Selon les traditions orales, ce bloc de corail, du nom de To’a Maeha’a, ne serait autre que celui des jumeaux de Maupiti qui aurait dérobé la précieuse conque Pū-i-roroi-tau offerte au chef Pohuetea par la princesse Pereita’i et son frère Mata’iruapuna.

Il y a très longtemps, une merveilleuse conque aux sonorités incroyables fut offerte par la princesse Pereita’i de Faa’ā et par son frère, Mata’iruapuna, à Pohuetea, le Chef de Puna’auia.

Elle s’appelait Pū-i-roroi-tau.

Une conque précieuse

La conque de Puna’auia était précieuse.

Les sons qu’elle produisait pouvaient traverser toute la Polynésie.  Elle servait pour la transmission des messages ou des alertes de dangers.

Afin de la protéger, elle fut dissimulée dans la grotte aux mille songes, Teanavaharau, à Vaiparāoa, sous la surveillance d’un très grand guerrier.

Des jumeaux de Maupiti décident de voler la conque de Puna’auia

Un jour, des frères jumeaux de Maupiti décidèrent de venir à Puna’auia pour voler la conque sacrée. Grâce à celle-ci, ils espéraient ainsi que les légendes de leur île ne se perdent pas.

Arrivés par la mer, ils amarrèrent leur pirogue sur le rocher de corail situé à la sortie de Muriāvai, puis, ils rejoignirent le rivage à la nage.

Le plan des frères jumeaux

Pour protéger la conque, plusieurs guerriers étaient postés un peu partout.

Afin de ne point se faire remarquer, les deux frères attendirent que la nuit tombe.

Quant vint le moment propice, rampant discrètement, les jumeaux avancèrent aux sons des fracas des vagues sur le rivage qui masquaient ainsi tout bruit qu’ils auraient pu faire. Arrivés sur un point vaseux, ils s’enduisirent de boue pour se camoufler et continuèrent leur avancé jusqu’à l’entrée de la grotte.

 

Le vol de la conque

Dans la grotte, la conque était suspendue à plus de deux mètres de hauteur. Sans tarder, l’un des frères grimpa sur le dos de l’autre pour l’attraper, puis, ils s’enfuirent, toujours en rampant aux sons des fracas des vagues. Leur butin en main, ils quittèrent la grotte en empruntant le même chemin pour rejoindre leur pirogue.

À leur grand désarroi, leur embarcation avait disparu du rocher ; l’ancre s’étant détachée au gré des agitations de la marée.

La fuite des jumeaux

Le jour se leva et les deux frères, à découvert dans la mer, furent aussitôt repérés.

Ayant compris qu’ils avaient dérobé la conque sacrée, tous les guerriers s’empressèrent de les pourchasser.

Il fallait absolument récupérer le trésor de Puna’auia.

La conque cachée à Tahuaroa

Dotés d’une intelligence sans pareil, les pilleurs décidèrent de faire diversion en se séparant.

Le premier frère nagea vers Tahuaroa, et dissimula la conque sous le récif Papa-Pū. Le second prit la direction inverse et se dirigea vers Tariu, à Te Ava Ma’o (la passe aux requins), situé en face de la Pointe de Nu’uroa. Malgré leurs efforts d’évasion, les deux frères furent capturés, battus et mangés par les guerriers.

Depuis ce jour, Papa Pū fut chargé de « mana », et la conque Pū-i-roroi-tau ne fut jamais retrouvée.

Tel que le premier jumeau le prédit, le lieu où il fut attrapé devint celui de la reproduction à profusion des poissons.

Quant au bloc de corail où la pirogue des deux frères fut attachée, il prit le nom de To’a Ma’eha’a, le roc des jumeaux.

 

 

Sources :

PERE, Paul. Matahiapo de la Ville de PUNA’AUIA. Interview du 20 juin 2019 par les Archives Communales.

 
PUNA, LE GUERRIER DEVENU MARAE

Puna te 'aito (Puna le guerrier)

  « Te fa’atumu nei te mau parau pa’ari ā tō tāhito i te marae Marae-ta’atā i te ‘aitō nui ra ‘o Puna, te tamaiti nā Tū-te-ahu-rei vāhine rāua ‘o Rua-te-fa’atoa tāne. E tamahine ra ‘o Tū-te-ahu-rei nā Iao tāne, hō’ē teie ō nā pū-tari’a e maha ra ā Ta’aroa, tamaiti nā te ari’i nui ra ‘o Ta’aroa-nō-Hiti i marae Tū-te-ahu-rei (‘o Hiti te i’oa tāhito ïa ō Punaauia), ‘o tei fa’atere ari’i na i te ārea tau hope’a tenetere X (10).

Te fa’ahiti ra te parau pa’ari ē, ‘ei fa’aho’ira’a mai i te hau tumu nui ō te pō i te ao nei, ‘o tei ‘ōfatihia te mau tapu ‘e Puna ‘e, ‘ei ‘utu nō te tāmarūra’a i te riri tāho’o ō Ta’aroa ā Ta’aroa-nō-Hiti ‘o ta Puna i rave ‘ino, ‘a fa’atura ‘ore ai ‘oia i te mau tapu ‘e ture mo’a i niuhia ‘e te Tumu Nui, tāpārahi-ha’apohe-hia a’e nei ‘o Puna ‘e pūpūhia atu ra ‘ei i’a vaevae rōroa i ni’a i te marae ra ‘o tei topahia i muri iho i te i’oa ra o ‘Utu-’ai — ‘ua fa’a’ino ‘o Puna i te mana ō te ari’i rahi mā te ‘ōfati i te mau tapu ri’i ‘e te mau tapu ra’a. E marae mana rahi ‘o ‘Utu-’ai i te vā’a-hīvā ‘o Te-’oro-pā’a.

‘A mate ai ‘o Puna, ‘ua riro ‘ei oho nō te fenua i ta’a ai te mau hara ‘e hapa rau ato’a, ‘ua tā tō na vāite i riro ‘ei tāura ‘e, marae-roa-hia a’e nei ‘o Puna, ‘o Marae-Ta’atā ïa ».

Taaroa nō Hiti (Punaauia i terā ra tau) tei ti'a i te marae nō Tū-te-ahu-ra'i, moe i te vahine ra o Te-vānaa-o-tāne nō Toanui ('Ahutoru i terā ra tau) tei ti'a i te marae Hiti-ra'i-momoe.

Fānau tā rāua o Taaroa, te tua'ana, e tamari’i tamāroa, e o Te-vānaa-o-tāne, te teina, e tamari’i tamāhine.

Haere atu ra o Taaroa metua i Hiti i ni'a i te fenua Auta nō te ti’i atu nā tamari’i tō’o maha o tei riro 'ei hoa ha'utira’a nō Taaroa tamaiti. I roto i terā 'ana'ira’a tamari’i, tē vai ra e piti tamari’i tamāroa, o Ao e o Uri, e piti tamari’i tamāhine, o Reva-tamāhine e o Reva-te-ata-'ura.

O Ao moe i te vahine ra o Reva-tamāhine, fānau tā rāua :

O Te-'āru'i-toa, e tamari’i tamāroa,

O Te-'āru'i-nui-fa’atomo-va’a, e tamari’i tamāhine,

O Te-a'a-tōro-i-raro, e tamari’i tamāroa,

E o Tū-te-ahu-ra'i, tamari’i tamāhine.

O Uri moe i te vahine ra o Reva-te-ata-'ura, fānau tā rāua :

O Rua-te-fa'a-toa, e tamari’i tamāroa.

O Tū-te-ahu-ra'i moe i te tāne ra o Rua-te-fa'a-toa, fānau tā rāua :

O Moe’aru, e tamāhine,

O Moerua, e tamāroa

Nā maeha’a o 'Ue rāua o Mehiti,

E o Puna, e tamāroa.

‘Ua pūpūhia ra te tinō o Puna 'ei ō nō te atua Taaroa, ha’amauhia atu ai tōna i'oa nō te tahi mau marae :

O Utu'ai nō te mea ‘ua pūpūhia nā Taaroa,

O Turu-ari’i nō te mea ‘ua pūpūhia 'ei turu nō te ari’i

E o Tāpū-arii nō te mea ‘ua 'euhia o Puna, topahia atu ai te i'oa i ni'a i te mata'eina’a o Puna-'eu-hia.

‘Ua tātarahia te ta’a o Puna, i topahia ai te i'oa fenua o Taapuna.

‘Ua ru'uru'uhia o Puna i ni'a i te papa, i topahia ai te i'oa o te fa’a nō Punaru'u (i reira 'ō na i te ru'uru'u-ra’a-hia) e te i'oa fenua o Paepaetoto (i reira tōna toto te tahe-noa-ra’a). Riro atu ai hō'ē marae, o Puna te i'oa mātāmua, hurihia mai nei o Marae-Ta’atā. Pau roa te reira mau i'oa, e tū'atira’a ana'e tō rātou e te parau nō teie 'aito o Puna.

 

 

Puna le guerrier (Puna te 'aito)

« Les récits épiques de la tradition orale remonte l’origine du marae Marae-Ta’atā à l’illustre Puna, fils de Tū-te-ahu-rei vāhine et de Rua-te-fa’atoa tāne. Tū-te-ahu-rei serait fille de Iao tāne, l’un des quatre favoris de Ta’aroa, lui-même fils du ari’i nui Ta’aroa-nō-Hiti (Hiti était l’ancien nom de Punaauia) du marae Tū-te-ahu-rei, qui régna vers la fin du Xe siècle.

La tradition raconte qu’aux fins de rétablir l’ordre universel inaliénable qui avait été bafoué et afin de calmer les ardeurs vindicatives ou ‘utu de Ta’aroa ā Ta’aroa-nō-Hiti à l’encontre de Puna qui l’avait profondément offensé, en violant les lois et principes sociaux et religieux établis depuis les origines, l’on tua, ou plutôt, l’on offrit Puna en sacrifice sur le marae qui porta dès lors le nom de ‘Utu-’ai (vengeance – assouvie) - Puna avait en effet insulté le mana du grand chef en violant des tapu sociaux et religieux. ‘Utu-’ai est un grand marae du Vā’a-hīvā Te-’oro-pā’a.

Puna mort, et ayant délivré (ta’a) son pays des vices et mauvaises actions par le sacrifice de sa personne et de son âme exhaussée (tā), il accède au statut d’ancêtre déifié ou tāura et prend forme minérale en se transformant en marae, celui que l’on nommera Marae-Ta’atā ».

A l’origine fut Ta’aroa-nō-Hiti (Punaauia), homme du Marae de Tū-te-ahu-rei.

De son union avec Te-Vanaa-ō-Tāne, nō Toanui (‘Ahutoru) du Marae Hiti-ra’i-momoe naquirent l’aîné, Taaroa, un garçon, puis Te-Vanaa-ō-Tāne, une fille.

Un jour, Ta’aroa-nō-Hiti s’en fut chercher, à Hiti (Punaauia), les quatre enfants habitant la terre Auta, en guise de compagnons de jeux pour son fils Taaroa. Il y avait deux garçons, Ao et Uri, et deux filles, Reva-tamāmahine et Reva-te-ata-‘ura.

Ao s’unit alors avec Reva-tamāhine, et tous deux eurent quatre enfants :

L’aîné, Te-'āru’i-toa, un garçon,

La cadette, Te-'āru’i-nui-faatōmo-vaa, une fille,

Puis, Te Aa-tōro-i-raro, un garçon,

Et enfin, Tū-te-ahu-rei, une fille.

De l’union de Uri et Reva-te-ata-‘ura naquit Rua-te-fa’a-toa, un garçon.

Ao, Reva-tamāhine, Uri et Reva-te-ata-‘ura célébrèrent l’union de leurs enfants Tū-te-ahu-rei et Rua-te-fa’a-toa qui donnèrent naissance à cinq enfants : Moearu, une fille, Moerua, un garçon, puis vinrent ‘Ue et Mehiti, des jumeaux, et Puna, un garçon.

‘Ue et Mehiti s’installèrent à Punaru’u où ils firent souche.

Quant à Puna, il fut offert en sacrifice à Taaroa. Ligoté dans la vallée de Hiti qui pris le nom de Punaru’u, il fut cuit au four (‘auiā ‘o PUNA - Punaauia).

Sa mâchoire fut jetée dans la passe de Taapuna. Puna devint un marae et fut appelé Marae-Ta’atā.

Sources :

  1. Direction de la Culture et du Patrimoine de la Polynésie française
MAEHA’A NUI & MAEHA’A RUA LES JUMEAUX DE ‘OUTUMAORO

MAEHA'A RUA ET MAEHA'A NUI, LES JUMEAUX

Il y a fort longtemps, à Pūnavai demeurait Marau.

Grande dame, elle était la femme de Ta’aroa qui résidait à Punaru’u, au bas du Diadème, derrière le Rata, au Fatara’a Pōti’ipata’aroa.

Les trois enfants de Marau

Marau vivait tranquillement à ‘Outumaoro, et de temps à autre, elle rejoignait son époux sur les hauteurs de Punaru’u.

Sur sa terre, près de la source Pūnavai, elle mit au monde ses trois magnifiques enfants : une fille nommée ‘Uriri Nui et deux garçons, des jumeaux, Ma’eha’a Nui et Ma’eha’a Rua, du marae Ta’aroa.

Un amour interdit

Les enfants grandirent paisiblement.

Ma’eha’a Nui et Ma’eha’a Rua devinrent de grands ‘aito, beaux et forts, et ‘Uriri Nui, une jeune fille éblouissante.

Alors qu’il n’y avait d’autre femme que leur sœur à leurs côtés, les garçons s’éprirent rapidement d’amour pour cette dernière.

Quel sacrilège était-ce là ! Ils ne pouvaient vivre tel amour !

‘Uriri Nui est éloignée de ses frères

Lorsque Marau apprit la nouvelle, elle quitta rapidement la montagne pour rejoindre le bord de mer.

Sans tarder, elle prit ‘Uriri Nui et l’emmena à Puna’auia, non loin d’une source d’eau, pour l’éloigner de ses frères. Depuis ce jour, ce lieu fut appelé Pūnavai, du nom de la source originelle située à ‘Outumaoro.

La chute de Marau

Après avoir éloignée ‘Uriri Nui de ses frères, Marau revint à ‘Outumaoro.

Sur le chemin du retour, au lieudit Taina, lorsque Marau se dressa, sa jambe glissa sur la terre qui prit le nom de Phe’ehe’e. En tombant, son pied cogna le récif To’a-Tai qui fut encore plus éloigné du rivage, prenant ainsi pour nouvelle appellation To’a-(Tea.

Attirée par le bruit de sa chute, la population s’approcha d’elle. Elle remarqua alors ses yeux larmoyants nommant ainsi cette terre où elle fut observée Mata’ana’ana.

L’ultime combat pour l’amour

Submergé de chagrin car Ma’eha’a Nui et Ma’eha’a Rua s’entretuaient pour l’amour de leur sœur, Marau ne put s’empêcher de laisser couler ses larmes qui formèrent la source Vai-‘Oto.

Craignant pour leur vie, elle rejoignit rapidement ses deux garçons pour essayer de les séparer, mais en vain.

Après un redoutable affrontement, les jumeaux périrent, et leur sang s’écoula jusqu’à ‘Outuāraea où la terre devint rouge.

Marau et ‘Uriri Nui rejoignent Ta’aroa

Quelques temps après la mort de Maeha’a Nui et Ma’eha’a Rua, Marau décida de rejoindre Ta’aroa à Punaru’u.

En chemin, gagnée par une grande fatigue, elle s’allongea sur le mont où elle périt et qui prit l’appellation de Mont Marau.

‘Uriri Nui, désormais seule, se rendit près de son père, au Fatara’a Pōti’ipata’aroa pour y danser et recevoir les visiteurs.

 

Source :

  1. Pāpā Pahio TAMI, né à ‘Outumaoro (Interviewé le 08 juin 2018).  ITW, retranscription, traduction, textes :  Rereata Scholermann.

 

TUNA, L’ANGUILLE DE ‘OUTUMAORO

Tuna, l'anguille de Outumaoro

Tuna l’anguille à trois têtes

Autrefois, à ‘Outumaoro, vivait une énorme anguille à trois têtes.

Sa première tête se trouvait à Teivipoto 1, la seconde à Teiviroa, la troisième à Teivipoto 2, et tout son corps allait jusqu’ à la terre ‘Ati’i’o[1]. Son postérieur, quant à lui, était situé dans la passe qui prit le nom de Ava-Veo.

Nommée Tuna, c’était un Dieu qui avait pour résidence la terre Taravari[2].

De temps à autre, et alors que rien ne s’y passe, les habitants de la montagne entendaient des claquements. Ces claquements provenaient du bruit que faisait la queue de l’anguille sur le récif qui fut appelé TE-TAI-PA’AINA ; claquements encore audibles aujourd’hui.

Le Dieu Tuna menacée par Maui

Un jour, le Dieu Maui décida de tuer Tuna, son homologue.

Lorsqu’il descendit de Vaihī (Hawaii), il accosta à Tefana i Ahura’i (Fa’a’ā) où devaient l’attendre trois guerriers, dont Tuari’i et Tefautea. À son grand étonnement, les trois ‘aito manquaient à l’appel. On l’informa alors qu’ils étaient partis tuer l’anguille.

Maui rétorqua alors que ce n’était pas leur rôle car des humains ne pouvaient pas tuer un Dieu. Puis, il dit ceci aux gens : ce n’est pas grave, nous irons demain.

La vaine attaque des trois guerriers

Pendant ce temps, les trois guerriers, impatients, partirent à l’attaquer de Tuna.

Ils se dirigèrent vers la montagne pour rejoindre la résidence de Tuna.

En chemin, Tuari’i rebroussa chemin pour rejoindre son épouse à Tipaepo[3] qui enfantait ce matin-là. Arrivé à la rivière, une forte effluence de sang lui fit comprendre qu’elle avait accouché. Il suivit hâtivement cette odeur et arriva à hauteur de sa femme qui avait donné naissance à des jumeaux. À son grand désarroi, tous les trois n’avaient pas survécu. Tuari’i ordonna alors à ses serviteurs de graver l’image de ses jumeaux sur une pierre.

Pour les deux autres ‘aito, il était hors de question de renoncer au combat.

Malgré que le troisième fut mangé par l’anguille, Tefautea ne renonça point, mais en vain. Suite au combat avec les guerriers, la terre de résidence de Tuna, Taravari, prit le nom de Varivari[4] (Te-Varivari).

Maui tue Tuna

Le lendemain, Maui se rendit à ‘Outumaoro.

Sur le chemin, les gens scandaient le pehepehe suivant : “‘Ua ‘ati nā puhi nō ‘Outumaoro, 'īna'i tāmā’a nā Tefana i Ahura’i” (malheur à toi anguille de ‘Outumaoro, tu serviras de repas à Tefana i Ahura’i).

Lorsqu’ils arrivèrent, Maui aperçut l’anguille qui se dressait.

Les gens qui l’accompagnaient attaquèrent les têtes situées à Teivipoto 1 et 2, ce qui réveilla la tête centrale sise à Teiviroa. L’anguille affaiblit suite à cette agression, Maui s’empressa alors de l’achever.

Lorsque Tuna fut tué, non loin de Ari’itu[5], sa terre de résidence prit l’appellation de ‘Atipuhi. Puis, Maui jeta son corps sur la terre qui prit le nom de Taravā.

Et c’est ainsi que Tuna, l’anguille de ‘Outumaoro périt.

Source :

  1. Pāpā Pahio TAMI, né à ‘Outumaoro (Interviewé le 08 juin 2018).  ITW, retranscription, traduction, textes :  Rereata Scholermann.
 

[1] Terre où se dresse aujourd’hui le magasin d’alimentation TAUA

[2] Terre où se dresse la station Shell

[3] Ancienne appellation de Tipaerui

[4] Varivari = Bourbeux, boueux.

[5] Lieudit Master Price (une partie de la terre).

TUATAU LE GARDIEN DE TE TĀMANU

TUATAU LE GARDIEN DE TE TĀMANU

Grand guerrier de carrure imposante, le héros familial TUATAU est le gardien bienveillant du plateau de TĀMANU. Il « réside dans une grotte nommée ANA TITIORO »

Mais quelle est la véritable histoire de TUATAU ?

Découvrons-la à travers deux récits transmis par nos Matahiapo de Puna’auia.

 

Récit 1 : Tuatau, d’après Pāpā PAHIO Denis

Tē vai ra, i te tau a u’iu’i, te tahi ‘aito upo’o rahi tei fānauhia i te ‘ōtu’e nō Nu’uroa.

 ‘O Tuatau tōna i’oa.

E haere te mau ta’ata e tauturu ‘e e aupuru iāna i te mau mahana tāta’itahi. ‘Āre’a ‘ōna, ‘ua ha’amā roa ïa ‘inaha e upo’o rahi tōna ; noa atu ā ‘aita te feiā e tau’a a’e i te huru o tōna upo’o.

Nō reira, ‘ua horo ‘ōna e tāpuni i roto i te fa’a nō Punaru’u i Tetāmanu, o tōna vāhi fa’aeara’a ïa i muri mai. I reira ato’a ‘ōna e hopu ai i te pape i roto i te tahora.

I tōna matera’a, tanuhia atu ra ‘ōna i Tetāmanu.

Mai reira mai, ‘ia ‘a’e ana’e te mau ta’ata ti’i ‘ānani i Tetāmanu ra, mai te peu e mo’e rātou i roto i te uru rā’au, e ti’aoro rātou ia Tuatau nō te ani ‘ia fa’a’ite mai i te ‘e’a nō te hāhaere. E hōro’a mai iho ā ‘o Tuatau i te ara pono ti’a atu. Mai terā tau ra, ‘o Tuatau te tīa’i o Tetāmanu

 

Autrefois, naquit à la pointe de NU’UROA, un guerrier pourvu d’une grosse tête.

Il s’appelait Tuatau.

 Les gens venaient l’aider et prendre soin de lui tous les jours. Cependant, sa tête lui faisait honte bien que personne ne prêtât attention à la taille de sa tête.

Puis vint un jour où ce dernier s’enfuit sur les hauteurs de la Punaru’u à Tetāmanu pour s’y cacher. Cet endroit devint dès lors son lieu d’habitation où ce dernier, non loin de là il eut pour habitude de se baigner dans une rivière.

À sa mort, il fut enterré au lieudit Tetāmanu.

Depuis lors, chaque que les porteurs d’oranges montent à Tetāmanu et qu’il arrive de se perdre dans la végétation, ils invoquaient Tuatau répondait toujours à leur demande en leur indiquant la voie directe pour y accéder. Depuis ce temps-là, Tuatau demeure le gardien de Tetāmanu

 

Sources :

  1. Pāpā PAHIO, Denis, né à Puna’auia. ITW du 02 juin 2018 par Rereata & William Scholermann. Retranscription, traduction par Takurua Parent.

 

Récit 2 : Tuatau, d’après Pāpā PERE Paul et TUTAVAE Noëlla

Aux temps anciens, sur le plateau Tetāmanu, un sanctuaire fut érigé en l’honneur du guerrier Tuatau.

Faire du feu, même aux alentours, était un sacrilège.

Mais Tuatau ne voulait pas respecter cet interdit.

Enfant, il avait une tête et une taille aux proportions anormales.

C’est pourquoi ses parents décidèrent de l’abandonner.

Prise de compassion, sa mère le cacha dans le district de Manotahi, l’actuel Puna’auia, dans la vallée Tetāmanu à Punaru’u plus précisément.

C’est ainsi que Tuatau devint un homme, le plus grand de cette vallée.

A proximité de son sanctuaire se trouvait la grotte Titoro où le guerrier, toujours armé de sa lance, se réfugiait. Il avait la capacité de se métamorphoser, épousant la forme d’une étoile pour voler jusqu’à Moorea. Il fuyait le regard de la population.

Tuatau était le gardien de Tetāmanu.

Les porteurs d’oranges lui confiaient leurs enfants dans la grotte.

Lorsque les porteurs d’oranges venaient à se perdre, ils faisaient appel à Tuatau pour qu’il les guide. Une lumière leur indiquait alors le chemin.

Si toutefois l’un se fourvoyait, il s’asseyait en implorant Tuatau :

« S’il te plaît, Tuatau, ramène-moi au plateau ! »

Dès lors, le chemin lui était éclairé.

Cependant, il fallait prendre garde à Tuatau, ce géant taquin !

Ceux qui déambulaient à l’aveugle ou ceux qui le craignaient devaient rester vigilants surtout à la nuit tombée…
Tuatau pouvait les rappeler à l’ordre, voire même les malmener leur montrant ainsi sa colère en les assenant d’un coups de pied.

 

Sources :

  1. Paripari Fenua de Pāpā PERE, Paul, Matahiapo de Puna’auia.
  2. Retranscription d’une légende effectuée par Madame TUTAVAE Noëlla.

 

Pāta’uta’u en l’honneur de Tuatau

Un chant ou récitation rythmée à l’effigie du guerrier existe. Il a été transmis à TEISSIER Teraitua dit Fortuné par sa mère. Teraitua était un des gardiens des traditions de Puna’auia et travaillait au Musée de Tahiti et des Îles.

PĀTA'U NŌ TUATAU

E AHA TEIE TŪPOROPORO NEI I NI’A I TŌ'U 'ĀI'A E

MAU MAU TE RORO ITI, MAU MAU TE RORO ITI,

E TA’ATA RUMIRUMI NO TE FENUA NEI, HI !!

E TA’ATA RUMIRUMI NO TE FENUA NEI, HA !! (Tāpiti)

TUATAU E, E UPO’O RAHI E

RARO ITI RARO E, RARO ITI E.

RARO ITI RARO E, RARO ITI E. (Tāpiti)

VĀRUA 'INO E, 'ŌHURE TIFAIFAI

E HE MAU NĀ TO TOHE I TE TAHARO I TE 'APU HA'ARI, HI !!

E HE MAU NĀ TO TOHE I TE TAHARO I TE 'APU HA'ARI, HA !! (Tāpiti)

 

Nā tā’u nā metua i ha’api’i mai teie pāta’u.

Teraitua

 

Sources :

  1. TEISSIER Teraitua dit Fortuné, gardien des traditions de PUNAAUIA. Chant rythmé, récitation rythmée en l’honneur de TUATAU. Collecté par Madame TEISSIER Vairea, documentaliste au Musée de Tahiti et des Îles © Droits Réservés.

 

 

[1] Illustration : POUIRA Toarii. Dessins de TUATAU. © Paripari Fenua / Onesia

[2] Pāpā PAHIO Denis, Matahiapo né à PUNAAUIA en 1932

[3] Illustration : POUIRA Toarii. Dessins de TUATAU. © Paripari Fenua / Onesia

[4] Illustration : POUIRA Toarii. Dessins de TUATAU. © Paripari Fenua / Onesia

PUNA & LA TORTUE SACRÉE

PUNA & LA TORTUE SACRÉE

Il y a très longtemps, un jeune homme nommé Puna vivait dans le district de Hiti, aujourd'hui appelé Puna’auia[1].

Fils de Tūteahurei vāhine et Ruatefa’ato’a tāne, il avait une sœur nommée Moearu, et trois frères, Moerua, ainsi que Ue et Mēhiti les jumeaux qui firent souche à Punaru’u.

Le voyage de Puna

Un jour, Puna se rendit à Ra’iātea.

Quand vint le moment de rentrer, il rata la grande pirogue Hotutahi.

Sur la plage, la tortue du roi qui avait de grands pouvoirs remarqua son chagrin. Peinée pour lui, elle lui dit alors : « Sèche tes larmes, je vais te ramener. Monte sur mon dos, nous partons maintenant ! »

Puna maltraite la tortue sacrée

Après avoir traversé l’océan, Puna et la tortue arrivèrent à Hiti par la passe Avaavamanini.

Accostant à Teoneuri, appelé aussi 'Ōfa'i Pi’ipi’i, la tortue fit :

« Tu es arrivé, descends maintenant. » Tout à coup, Puna s’empressa de lui couper ses quatre ailerons.

« Pourquoi me fais-tu cela ? Je t’ai pourtant aidé ! » S’écria-t-elle. Puis, blessée, elle affirma qu’elle serait vengée car il venait d’enfreindre les tapu.

 

La fuite et la capture de Puna

Très vite, tout le district fut au courant des mauvais agissements du jeune homme. La colère envahit ‘Inoarii, le roi de Hiti, qui ordonna une chasse à l’homme.

Fuyant les guerriers, Puna courut de vallées en vallées, traversant rivières et forêts.

Sur la crête Teivirairaitaharara

Fatigué, il s’arrêta sur la crête Teivirairaitaharara, sur la terre de Pa’ateve et de son épouse, un couple d’éleveurs de porcs.

Il avait si soif qu’il décida de boire le lait d’une truie qui nourrissait ses petits. Surprise, elle se leva brusquement. Puna perdit l’équilibre et tomba au pied de la montagne

Puna capturé

Bien qu’étourdi par sa chute, il aperçut une source d’eau.

Elle était si petite qu’il se mit à « quatre pattes », puis allongea les jambes pour essayer de boire.

Soudain, alors qu’il se désaltérait, un grand ‘aito surgit.

Il l’attrappa, puis, ligota ses mains et ses pieds de toutes ses forces à l’aide d’une corde faite de racines du 'ōrā (banian) de Ātiue.

Transporté sur le mont Tefaarahi, il but l’eau amère du roc Tetāmanu.

Puis, Puna supplia qu’on le relâche.

Refusant fermement, la tortue qui avait pris la forme du ‘aito (guerrier) se dévoila lui rappelant tout le mal qu’il lui avait fait.

Le sacrifice de Puna

Lorsque le jour se leva sur Ārānuanua (Ārā-ānuanua), une larme s’échappa de ses yeux formant un trou dans le roc Pūra’u papa (Papa o Pūra’u).

Puna fut conduit sur le rivage où il fut sacrifié. Son corps fut mis au four chauffé avec du bois de pandanus de Terātā, puis mangé par le terrible guerrier ‘Iripa’u.

Dès lors, le district pris le nom de PUNA’AUIA; Puna-‘aui-hia, Puna enveloppé dans des feuilles de cocotiers et cuit au four traditionnel.

L’empreinte de Puna

De son sacrifice fut nommé le marae ‘Utu’ai[2], vengeance apaisée.

La vallée où il fut attaché fut appelée Punaru’u, Puna ligoté.

La plate-forme où il fut attaché fut nommée Paepaetoto, la plateforme de sang.

La pierre sur laquelle fut gravée l’empreinte de son œil lorsqu’il fut ligoté prit le nom de Ōfa’i Punaru’u, la pierre de Puna ligoté.

La petite cuvette d’eau formée dans le roc Pūra’u papa par sa larme fut appelée Vaipuna, l’eau de Puna.

La source où il fut éviscéré, prit l’appellation de Punā’au, les entrailles de Puna.

La passe Tuatāmiro dans laquelle sa mâchoire sanglée avec des feuilles de roseaux de Vaitahuri fut lancée devint la passe Ta’apuna, la mâchoire de Puna.

Enfin, la vallée où ses yeux transpercés de flèches furent dressés prit le nom de Matati’a, les yeux qui se dressent.

Puna devint marae, et il fut renommé Marae-Ta’atā.

Et c’est ainsi que le sacrifice de Puna marqua à jamais le grand territoire de PUNA’AUIA.

 

Sources :

  1. TEURI, Joseph. 'Ā'ai nō Puna'auia. Hei pua ri’i, Parau ri'i atohia mai nō roto i te mau puta i tata'u na i te Fare Vāna'a. Tahiti : Académie Tahitienne, 1987, 88 p.
  2. PAHIO, Denis. Matahiapo de la Ville de PUNA’AUIA. Interview du 02 juin 2018.
  3. PERE, Paul. Matahiapo de la Ville de PUNA’AUIA. Interview du 06 juin 2019.
  4. POUIRA, Charles. Matahiapo de la Ville de PUNA’AUIA. Interview du 07 septembre 2019.
  5. TETUANUI, Wilfred. La légende de Puna. Récit recueilli par Doris MARUOI en mars 1993.
  6. IORSS, Martial. Origine des noms de Punaauia-Punaruu et Taapuna. BSEO 27, tome III (N°5), Tahiti, octobre 1928, 36 p.

 

 

[1] Certains récits établissent l’origine de Puna à Mai’ao (Moorea) ou Teva-i- Tai (Presqu’île de Tahiti). L’origine de Puna ici décrite comme celle de Punaauia est issue de la transmission de savoirs de Pāpā TEURI Joseph.

[2] Dans les récits, le marae ‘Utu’ai est localisé sur le territoire de Pā’ea.

MĀRUAPŌ LE FANTÔME

MĀRUAPŌ LE FANTÔME

Māruapō le mauvais esprit

Autrefois, existait un fantôme du nom de Māruapō.

Il résidait devant le pont de Māruapō, sur une terre caillouteuse.

Dès le coucher du soleil, il était déconseillé de s’aventurer dans ces environs.

Si d’aventure quiconque osait le faire, inévitablement, il se voyait être balancé dans la rivière.

Le mauvais tour de Māruapō

Un jour, à l’aube, quatre garçons circulèrent dans le voisinage à bord de leur carriole.

Ils se rendaient au marché afin d’y déposer leurs fruits.

Alors que leur charrette était si bruyante, soudainement elle ne fit plus aucun bruit.

C’était Māruapō qui faisait des siennes.

Plus tard, leur dépouille fut découverte, ils avaient tous les quatre succombé à une mort atroce. Une mort cruelle provoquée par le mauvais esprit.

Māruapō disparaît

En ces lieux vivaient un couple et leurs enfants.

Un soir, le mari se rendit à une partie de pêche. S’apercevant qu’il avait oublié sa cigarette, il décida de rentrer chez lui pour la récupérer.

Lorsqu’il s’approcha de sa demeure, il y jeta un coup d’œil et aperçut le fantôme. Découvert, l’esprit se mit alors à courir tout autour de la maison jusqu’à lisser le pourtour rempli de cailloux. Sans aucune crainte, l’homme pourchassa Māruapō.

Après une longue poursuite, Māruapō s’arrêta, demanda la paix et annonça que désormais il ne reviendrait plus. Dès lors, il disparut sous le pont.

Lorsque le pêcheur s’y rendit, Māruapō n’y était plus. Alors, les gens fouillèrent le sol et découvrirent des os qu’ils brûlèrent afin d’en supprimer tous leurs pouvoirs obscurs.

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MĀRUAPŌ TE TŪPĀPA’U

Māruapō te vārua ‘ino

I te tau mātāmua ra, i vai na hō’ē tūpāpa’u pi’ihia ‘o Māruapō.

Tei mua noa mai i te ‘e’a turu nō Māruapō tōna nohora’a, i te tahi vāhi ‘ōfa’ifa’i roa.

Tē parauhia ra ‘eiaha e hāhaere nā taua mau ārea ra i te taupera’a mahana.

‘Ōia mau, mai te peu noa atu e haere ‘oe, e tā’uehia ‘oe i roto i te tahora pape.

Te ha’utira’a a Māruapō

 ‘Āre’a, i te hō’ē ‘ā’ahiata, tere atura e maha tāmāroa nā reira nā ni’a i tō rātou pere’o’o pūtō e haere e ‘āfa’i i te mā’a hotu i te mātete.

‘Ua fa’aro’o ihoa ā hia te māniania o te pere’o’o ē, ‘ore roa atura, ‘inaha ‘ua ha’utihia rātou e Māruapō. I muri a’e, ‘ua ‘itehia tō rātou mau tino ; ‘ua ū pauroa hia i te pohe hāhāno.

‘E pohe ri’ari’a mau tā te vārua ‘ino i fa’atupu.

‘Ua mo’e o Māruapō

I te reira vāhi, e noho ra te tahi tāne, tāna vahine ‘e tā rāua pu’era’a tamari’i.

I te hō’ē pō rā, ‘ua haere atura te tāne i te tautai ‘e i tōna taera’a atu i te vāhi tāi’ara’a, ‘ua mo’ehia tāna ‘ava’ava i te fare ‘e ho’i atura ‘ōna e ti’i.

I te pirira’a atu ‘ōna i te pae fare, fā’ao atura ‘e ‘ite a’e ra ‘oia i taua vārua ra. Horo ‘oi’oi fa’a’ohu atu ra te vārua i te fare ‘e mānino roa atura te vāhi ‘ōfafa’i. Tāmata iho nei te tāne e tāpapa ia Māruapō mā te mata’u ‘ore.

Maoro atura tōna a’ua’ura’a ē fa’ea atura ‘o Māruapō ‘e nā’ō iho ra, e hau, ‘aita ‘ōna e haere fa’ahau mai. I reira noa, mo’e roa atura ‘ōna i raro noa i te ‘e’a turu. I te haerera’a atu te tāne, ‘aita fa’aahau, ‘ua mo’e roa ‘o Māruapō.

I reira te mau ta’ata i te paherura’a, ‘itehia mai nei te tahi mau ivi ‘e tūtu’ihia nō te fa’a’ore i te manamana ‘ino tei vai noa i roto.

Sources :

  1. Pāpā PAHIO, Denis, né à Puna’auia. ITW du 02 juin 2018 par Rereata & William Scholermann. Retranscription Takurua Parent. Traduction par Takurua Parent & Rereata Scholermann.

En 2022, les élèves du collège de Punaauia, en partenariat avec le service des archives de la ville de Punaauia, ont réalisé un spectacle sur le thème de la légende « Puna et la tortue ». Un spectacle en reo Tahiti, dansé et chanté, qui met en lumière la légende qui donna son nom à la ville de Punaauia.