TIURAI, le guérisseur au grand cœur
Dès son plus jeune âge, TIURAI préféra la compagnie des anciens à celle des jeunes de son âge. Curieux et intéressé, il apprit auprès de ces vieillards « les secrets de la thérapeutique indigène, qu'il pratiqua sous toutes ses formes jusqu'à sa mort. Dans le traitement de ses malades, il remarqua que la foi jouait un grand rôle dans la guérison, et qu'elle était un des principaux facteurs du succès de ses maîtres ; il fit donc une étude spéciale de ses diverses manifestations et de l'état psychologique de ses patients, et obtint dans la suite des résultats merveilleux, presque prodigieux, d'où la réputation qu'il acquit de "biobio", sorcier ».
Selon Orsmond WALKER, il « avait distingué et soignait quatre types de maladies :
• MA’I TINO : maladie du corps
• MA’I MANA’O : maladie de la pensée, de l’idée
• MA’I VARUA : maladie de l’esprit (d’un défunt)
• MA’I VAITE : maladie de l’âme ».
TIURAI consacrait tout son temps à ses malades. Il les soignait avec des plantes, des traitements d’ordre psychologique et beaucoup d’autosuggestion. Insistant sur le fait que ses dons de guérisseur lui avaient été donnés gratuitement, il refusait tout paiement en espèces pour les soins qu’il prodiguait. Ses patients, en remerciement, lui envoyaient alors des présents sous formes de nourriture (« uru », « fe’i », « taro », poissons, etc.).
Homme au grand cœur, il ne gardait que le stricte nécessaire à ses besoins et donnait le reste des denrées qu’il avait reçus à ses malades qui lui paraissaient « pauvres et misérables ».
Pour TIURAI, à qui certains attribuaient également le rôle de « passeur d’âmes », il était primordial que chacun garde le lien avec ses origines. La mémoire des ancêtres représentait à ses yeux le plus bel héritage qu’ils pouvaient nous transmettre. Pour avoir un corps en bonne santé, il était important de conserver une pensée juste. « Si notre héritage était malmené, on ne pensera plus juste et on tombera malade ».
Homme de bon sens, aux connaissances variées, tant sur le plan de l’hygiène, de l’anatomie que de la botanique médicinale, TIURAI fut « le plus célèbre « hiohiu » - guérisseur – de son époque ».