Maeha'a nui & Maeha'a rua les jumeaux de 'Ćtumaoro
Il y a fort longtemps, à Pƫnavai[1] demeurait Marau.
Grande dame, elle Ă©tait la femme de Taâaroa qui rĂ©sidait Ă Punaruâu, au bas du DiadĂšme, derriĂšre le Rata, au Fataraâa PĆtiâipataâaroa.
LES TROIS ENFANTS DE MARAU
Marau vivait tranquillement Ă âĆutumaoro et de temps Ă autre, elle rejoignait son Ă©poux sur les hauteurs de Punaruâu.
Sur sa terre, prĂšs de la source PĆ«navai, elle mit au monde ses trois magnifiques enfants : une fille nommĂ©e âUriri Nui et deux garçons, des jumeaux, Maâehaâa Nui et Maâehaâa Rua, du marae Taâaroa.
UN AMOUR INTERDIT
Les enfants grandirent paisiblement.
Maâehaâa Nui et Maâehaâa Rua devinrent de grands âaito, beaux et forts, et âUriri Nui, une jeune fille Ă©blouissante.
Alors quâil nây avait dâautre femme que leur sĆur Ă leurs cĂŽtĂ©s, les garçons sâĂ©prirent rapidement dâamour pour cette derniĂšre.
Quel sacrilÚge était-ce là  ! Ils ne pouvaient vivre tel amour !

âURIRI NUI EST ĂLOIGNĂE DE SES FRERES
Lorsque Marau apprit la nouvelle, elle quitta rapidement la montagne pour rejoindre le bord de mer.
Sans tarder, elle prit âUriri Nui et lâemmena Ă Punaâauia, non loin dâune source dâeau[2], pour lâĂ©loigner de ses frĂšres. Depuis ce jour, ce lieu fut appelĂ© PĆ«navai, du nom de la source originelle situĂ©e Ă âĆutumaoro.
LA CHUTE DE MARAU
AprĂšs avoir Ă©loignĂ©e âUriri Nui de ses frĂšres, Marau revint Ă âĆutumaoro.
Sur le chemin du retour, au lieudit Taina, lorsque Marau se dressa, sa jambe glissa sur la terre qui prit le nom de PÄheâeheâe[3]. En tombant, son pied cogna le rĂ©cif Toâa-Tai qui fut encore plus Ă©loignĂ© du rivage, prenant ainsi pour nouvelle appellation Toâa-(Ä)Tea[4].
AttirĂ©e par le bruit de sa chute, la population sâapprocha dâelle. Elle remarqua alors ses yeux larmoyants nommant ainsi cette terre oĂč elle fut observĂ©e Mataâanaâana.
LâULTIME COMBAT POUR LâAMOUR
SubmergĂ© de chagrin car Maâehaâa Nui et Maâehaâa Rua sâentretuaient pour lâamour de leur sĆur, Marau ne put sâempĂȘcher de laisser couler ses larmes qui formĂšrent la source Vai-âOto.[5]
Craignant pour leur vie, elle rejoignit rapidement ses deux garçons pour essayer de les séparer, mais en vain.
AprĂšs un redoutable affrontement, les jumeaux pĂ©rirent, et leur sang sâĂ©coula jusquâĂ âĆutuÄraea [6] oĂč la terre devint rouge.
MARAU ET âURIRI NUI REJOIGNENT TAâAROA
Quelques temps aprĂšs la mort de Maehaâa Nui et Maâehaâa Rua, Marau dĂ©cida de rejoindre Taâaroa Ă Punaruâu.
En chemin, gagnĂ©e par une grande fatigue, elle sâallongea sur le mont oĂč elle pĂ©rit et qui prit lâappellation de Mont Marau[7].
âUriri Nui, dĂ©sormais seule, se rendit prĂšs de son pĂšre, au Fataraâa PĆtiâipataâaroa pour y danser et recevoir les visiteurs.
[1] Autrefois nommĂ©e PĆ«navai, cette source fut plus tard appelĂ© Bel Air suite Ă lâinstallation de lâhĂŽtel Te Puna Bel Air.
[2] Ă PUNAVAI montagne, Ă proximitĂ© de lâancienne mairie, prĂšs du banian, aprĂšs Milâ DĂ©lices.
[3] Glissant- fenua pÄheâeheâe : terre glissante.
[4] Toâa- Ätea : rĂ©cif Ă©loignĂ©.
[5] Vai-âOto : La source du chagrin. Source dâeau dans le parking du site du centre commercial Carrefour Ă proximitĂ© dâun tamarinier (aujourdâhui recouvert de bitume, elle nâest plus visible contrairement Ă lâarbre).
[6] Pointe de FaâaâÄ aujourdâhui appelĂ©e HotuÄrea.
[7] Selon la tradition orale, son corps est le mont Marau.
SOURCE : PÄpÄ Pahio TAMI, nĂ© Ă ‘Ćtumaoro, interviewĂ©, le 08 juin 2018. ITW, retranscription, traduction, textes : Rereata SCHOLERMANN. Illustration : ‘Aito ©Patrice CABLAT |