Paul Gauguin

ConsidĂ©rĂ© comme l’un des peintres français majeurs du XIXe siècle, Paul GAUGUIN (1848-1903), rĂ©sida par deux fois Ă PUNAAUIA. InspirĂ© par la vĂ©gĂ©tation, par la nature qui l’entourait, il y rĂ©alisa sa plus grande Ĺ“uvre mesurant 1,39m de hauteur et 3,74m de longueur : « D’oĂą venons-nous ? Que sommes-nous ? OĂą allons-nous ? ».
Paul GAUGUIN (1848 – 1903)
NĂ© Ă Paris le 7 juin 1848 et dĂ©cĂ©dĂ© Ă Atuona, Hiva Oa, aux ĂŽles Marquises, Paul GAUGUIN a passĂ© les annĂ©es de sa plus jeune enfance Ă Lima, au PĂ©rou. De retour Ă Paris Ă l’âge de 7 ans, il y poursuit ses Ă©tudes avant d’intĂ©grer, dix ans plus tard, la marine marchande jusqu’Ă la guerre de 1870. Devenu agent de change, il s’initie Ă©galement Ă la peinture auprès Gustave AROSA. En 1874, il rencontre Camille PISSARO qui l’initie au paysage ’impressionniste. Il cĂ´toie Vincent VAN GOGH, et « sous l’influence du peintre Émile BERNARD son style Ă©volue, il devient plus naturel et plus synthĂ©tique. Il cherche son inspiration dans l’art exotique, les vitraux mĂ©diĂ©vaux et les estampes japonaises » [1].
1891-1893 : Premier sĂ©jour Ă Tahiti – MATAIEA
Le mardi 9 juin 1891, Paul GAUGUIN ou KOKE[2] arrive à Tahiti après 69 jours de traversée maritime. Il est reçu par le gouverneur LASCADE et est admis au Cercle militaire. Suite à des soucis de santé, et n’osant pas trop s’éloigner de l’hôpital militaire, il s’installe quelques temps à PAEA « chez l’instituteur français de l’endroit »[3]. Vers la mi-octobre 1891, il s’établit à MATAIEA. En 1892, il épouse TEHA’AMANA, une jeune tahitienne âgée de 13 ans originaire de FAAONE, « plus connue sous le nom de TEHURA (TE’URA), celui que GAUGUIN lui donne dans son récit NOA NOA. »[4].
Le 14 juin 1893, il rentre à Paris, emportant avec lui 66 toiles dont la célèbre Vahine no te tiare, Femme à la fleur, et une douzaine de sculptures en bois.
1895 – 1901 : Deuxième sĂ©jour Ă Tahiti – PUNAAUIA
9 septembre 1895, Paul GAUGUIN est de retour Ă Tahiti.
Effrayée par les plaies suppurantes de KOKE, TEHA’AMANA refuse de se remettre en ménage avec lui.
Avec sa nouvelle compagne, PAU’URA A TAI, une jeune fille du même âge que TEHA’AMANA, il s’installe, en 1896, dans un petit « FARE » qu’il loue à PUNAAUIA, au kilométrage 12, non loin de l’église catholique. Mais, un an plus tard, la mort du propriétaire du terrain où il vit et sa vente par les héritiers le fait déménager un kilomètre plus au sud du district.
Paul GAUGUIN et PAU’URA s’établissent alors non loin de l’école publique 2+2 = 4, en bord de mer, sur la parcelle « ATIO » d’une superficie d’un hectare, qu’il acquit pour la somme de 700 francs le 11 mai 1897 auprès de Madame A. CHAN veuve de Désiré GATIEN.
Il y fait « construire une confortable maison en bois de style colonial, mesurant dix mètres sur huit, avec en annexe, un atelier de dimensions égales. (…) Son apport personnel à l’installation consiste en de nombreux panneaux de bois sculptés qu’il cloue aux murs de la chambre à coucher et de l’atelier[5] ». Sa demeure est envahie d’un grand désordre. Nombre de peintures, pinceaux, rouleaux de toile, livres, vêtements, instruments de musique et divers autres objets trainent çà et là , si bien que chaque visiteur se doit d’être prudent lorsqu’il foule le plancher de son « FARE ».
Le 19 avril 1899, PAU’URA donne naissance à un garçon qu’il nomme Emile, comme son fils aîné issu de son mariage avec la danoise Mette-Sophie GAD. Bien qu’il soit sûr de sa paternité, il ne reconnaitra malheureusement pas cet enfant.
En 1901, nouveau changement pour Paul GAUGUIN. Il vend sa propriété et son « FARE » de PUNAAUIA, abandonne sa « VAHINE » et son enfant, et part s’installer aux Îles Marquises, à Atuona, sur l’île de Hiva Oa, où il finira ses jours.
Paul GAUGUIN trouve son inspiration Ă PUNAAUIA
InspirĂ© par le climat, la vĂ©gĂ©tation, les paysages qui l’entourent, Paul GAUGUIN rĂ©alise dans son atelier de PUNAAUIA, une quantitĂ© de gravures et de sculptures sur bois, et une centaine de tableaux parmi lesquels figure sa plus grande Ĺ“uvre mesurant 1,39m de hauteur et 3,74m de longueur : D’oĂą venons-nous ? Que sommes-nous ? OĂą allons-nous ? Dans cette Ĺ“uvre, il synthĂ©tise l’essentiel de ses thĂ©matiques tahitiennes. ConsidĂ©rĂ© comme le chef-d’Ĺ“uvre tahitien de Gauguin, « le tableau se lit de droite Ă gauche, et se divise en trois groupes principaux de personnes illustrant les questions posĂ©es dans le titre. Les trois femmes avec un enfant reprĂ©sentent le dĂ©but de la vie, le groupe du milieu symbolise l’existence quotidienne des jeunes adultes, et dans le dernier groupe, d’après l’artiste, « une vieille femme approchant la mort apparaĂ®t rĂ©conciliĂ©e et rĂ©signĂ©e Ă cette idĂ©e » ; Ă ses pieds, « un Ă©trange oiseau blanc tenant en sa patte un lĂ©zard, reprĂ©sente la futilitĂ© des mots. » L’idole bleue Ă l’arrière-plan reprĂ©sente apparemment ce que Gauguin dĂ©crivait comme « L’au-delĂ [6] ». Cette Ĺ“uvre rejoindra les collections du musĂ©e des beaux-arts de Boston (Massachusetts, Etats-Unis).

Paul GAUGUIN, du pinceau Ă la plume
Rempli d’une créativité exubérante, GAUGUIN ne lâche pas pour autant sa plume d’écrivain.
En 1893, il réalise, avec l’aide du poète Charles MORICE, le premier jet du récit de son premier séjour à Tahiti : NOA NOA / VOYAGE DE TAHITI. Lors de son retour à Tahiti le 3 juillet 1895, son œuvre n’est toujours pas terminée. A PUNAAUIA, où il est installé, il modifie son manuscrit et l’enrichit avec des aquarelles, des gravures, des photographies et diverses notes sur la civilisation tahitienne.
En 1899-1900, il collabore au mensuel « Les Guêpes », une feuille polémique locale, et fonde son propre journal satirique, « Le Sourire » qui comptera neuf numéros manuscrits. Endetté, dès le mois d’avril 1900, il préfère assumer les fonctions mieux rémunérées de rédacteur en chef et gérant des Guêpes.
Sa maladie et son départ pour les Marquises mettent fin, en 1901, à sa carrière de journaliste de Tahiti. Installé à Atuona, Hiva Oa, il sera victime d’une crise cardiaque qui l’emportera définitivement en 1903.
Sources:
[1] Wikipédia. Paul Gauguin. https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Gauguin#Paul_Gauguin_et_les_impressionnistes
[2] [3] [4] KOKE : nom donné à Gauguin par son épouse TEHA’AMANA (TEHURA) et les tahitiens. DANIELSSON Marie-Thérèse et Bengt. Gauguin à Tahiti. Société Océanistes, 1962, Dossier N°16.
[5] SOCIETE DES ETUDES OCEANIENNES. Dossier de la succession PAUL GAUGUIN, Papeete, Tahiti, Imprimerie du Gouvernement, 1957, 43 p.
[6] BUTOR, Michel. Quant au livre : Triptyque en l’honneur de Gauguin. Bibliothèque Nationale de France, broché, 1 vol. (48 p.).
Illustrations:
1- Autoportrait, 1893, musée d’Orsey, Paris, [Public domain], via Wikimedia Commons
2- Probable photographie de TEHA’AMANA. Charles Georges Spitz. Tahitian woman. Paul Gauguin, Fondation Beyeler (Hatje Cantz), p. 208, Wikipédia.org © Domaine public
3- PAU’URA à Tahiti, ici assise avec son accordéon, vers les années 40. Photographe inconnu. © Droits Réservés
4- AGOSTINI, G. Le « FARE atelier de Paul GAUGUIN ». © Droits Réservés
5- Gauguin rĂ©alise sa plus grande Ĺ“uvre dans son atelier de PUNAAUIA © « Collection MusĂ©e de Tahiti et des ĂŽles – Te Fare Manaha ».
6- Paul Gauguin. D’oĂą venons-nous ? Que sommes-nous ? OĂą allons-nous ? [Public domain], via Wikimedia Commons
Patrimoine en partage Ă PUNAAUIA avec la collaboration du MusĂ©e de Tahiti et des ĂŽles, du Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel, de la SociĂ©tĂ© des Etudes OcĂ©aniennes, de l’UniversitĂ© de la PolynĂ©sie française, de l’Association Tahiti HĂ©ritage, du Service de la Culture et du Patrimoine, des associations et des Matahiapo de la commune de PUNAAUIA.