Quelques objets archéologiques découverts à Punaauia

LE TI’I À DEUX TÊTES DE PUNAAUIA

Ce Ti’i, statuette anthropomorphe à usage religieux, est originaire de Punaauia.  De forme allongée, il est taillé dans de la roche volcanique vacuolaire noire.

Son corps présente deux têtes aux visages non-indiqués, une main à la hauteur du bas ventre et une autre sous les visages. Son dos est plat et laisse apparaître Son fessier (une seule ligne courbe qui part du dos et qui finit en jambe devant). Deux petites cupules figurent à l’avant de Son corps, au centre, sous ses têtes. ses jambes sont repliées vers le haut laissant apparaître mon sexe féminin.

Il fût trouvé dans la vallée de PUNARU’U en 1982 par Monsieur Antonio HO KUI puis remis au Musée de Tahiti et des Îles, Te Fare Manaha.

Ses dimensions sont les suivantes: H. 37 cms ; l. 24,5 cms ; E. 14,5 cms ;

Le TI’I dans la culture polynésienne

« Le ti’i  ou tiki est une représentation de forme humaine sculptée dans de la pierre basaltique, du corail ou du bois. Ces statues étaient implantées sur des lieux religieux (marae ou me’ae), elles étaient donc TAPU, sacrées. Elles représentaient généralement un ancêtre prestigieux d’une lignée. Aussi, ces sculptures ont leurs propres noms, recueillis dans les traditions orales au début du 20e siècle. D’autres sculptures servaient de support à des entités spirituelles (esprit, gardien, « taura » ou dieu) invoquées durant les cérémonies religieuses. (…) Chaque aire culturelle polynésienne avait son style artistique propre, à partir d’un fonds culturel commun. (…) ». 

‘ŪMETE DE PUNAAUIA

« Attributs sacrés » des ARI’I, et ouvrage à usage domestique, le ‘ŪMETE, grand récipient creusé le plus souvent dans du bois, est surtout un objet traditionnel qui témoigne des us et coutumes du peuple polynésien. A PUNAAUIA, la trouvaille d’un ancien ‘ŪMETE, revêt de surcroît une importance patrimoniale archéologique et ethnologique.

‘ŪMETE DE PUNAAUIA

Illustration : ‘UMETE, KUMETE, VAUVAU ; PUNAAUIA ; Îles du Vent ; Tahiti. Dimensions : H. 10.5 cms ; L. 66 cms ; l. 29 cms ;

Creusé dans du bois de « TAMANU » (Calophyllum), je suis un ‘ŪMETE, un récipient. Je suis principalement utilisé pour la présentation, la conservation et la préparation des aliments, des médicaments (RA’AU TAHITI) ou du MONO’I.

Sur ma surface externe, aucun motif géographique, aucune sculpture ne laisse présager que je représente un plat, un bol cérémoniel réservé aux grands chefs, mais que je suis bien un objet usuel dont disposaient autrefois tous les foyers.

Trouvé en 1964 à PUNAAUIA, dans le sable, sous un habitat en couverture de pandanus (FARE NIAU) sur la propriété privée de Monsieur Georges REVEILLE, je fus déposé au Musée de Tahiti et des Îles, Te Fare Manaha en 2006.

Sacralité du bois de « TAMANU »

Jadis, le « TAMANU » (Calophyllum), était considéré comme un arbre sacré, le plus souvent, planté sur les lieux de culte ou dans l’enceinte des « MARAE » royaux. « Les dieux affectionnaient son ombrage et que, le jour des sacrifices humains, ils venaient s’y reposer et assister à la cérémonie sans être aperçus ». Son bois imputrescible, surtout utilisé pour la confection des « TO’O » à l’effigie du dieu ‘ORO, faisait l’objet d’un tabu. Considéré de ce fait tel une matière noble, « défense était de l’utiliser pour tout autre usage, en particulier pour construire les cases et les pirogues ». Il était également utilisé pour la fabrication des ‘UMETE (grands récipients) pour la préparation des aliments et des ‘ŪRU’A (appui-têtes), des objets autrefois considérés comme des « attributs sacrés ».

APPUI-NUQUE, ‘ŪRUA DE PUNAAUIA

Parmi ses richesses archéologiques retrouvés à Punaauia, un Appui-Nuque (‘Ūrua) figure dans les collections du Musée de Tahiti et des Îles.

APPUI-NUQUE, ‘ŪRU’A DE PUNAAUIA

Mensurations: L. 30,3 cm ; H. 13,5 cm ; l. 12 cm ;

Sculpté dans une seule pièce de bois de « miro » ou bois de rose (Thespesia Populnea), je ressemble à un petit tabouret, mais je n’en suis pas un.

Objet usuel utilisé la nuit pour reposer la tête, je suis connu sous le nom d’appui-nuque ou repose-tête. Mon nom tahitien est ‘ŪRU’A ou TŪRU’A qui signifie coussin.

Ma partie supérieure, sur laquelle parfois y était posé du tapa, est incurvée afin d’épouser au mieux la tête. Mes quatre pieds de section rectangulaires sont reliés latéralement deux à deux. Selon le statut social de mes propriétaires, je suis plus ou moins ouvragé. Les appui-têtes et les tabourets des chefs avaient la même forme, mais le tabouret était un peu plus haut.

Je fus trouvé dans la vallée de MARUAPO, en 2004, dans une grotte funéraire par le botaniste et ingénieur forestier Jean-François Butteaud. Prélevé par le Service de la Culture et du Patrimoine de Polynésie française je fus remis au Musée de Tahiti et des Îles, Te Fare Manaha pour y être conservé.

L’appui-nuque, témoin historique de la civilisation polynésienne

« L’appui-nuque, repose-tête, oreiller ou chevet est un objet largement répandu dans tout le Pacifique depuis les temps les plus anciens. Selon les lieux, il avait des formes différentes. A Tahiti ou dans les îles de la Société, on connaît deux formes principales. La première, est celle de l’objet trouvé à Punaauia, avec quatre pieds de section rectangulaire aux angles légèrement arrondis, reliés latéralement deux à deux à leur base par une pièce. (…) L’autre forme est l’appui-nuque avec deux pieds pleins latéraux qui prennent toute la largeur de l’objet. »

Selon les descriptions et les inventaires des grands navigateurs, réalisés entre 1745 et 1834, les appui-nuques avaient tous la forme de celui trouvé dans la grotte funéraire de MARUAPO à PUNAAUIA. Ces récits permettent ainsi de constater que la forme de ce repose-tête est la plus ancienne. « Dans la littérature de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, on retrouve plusieurs mentions de cet objet : S. Parkinson (1745-1771) lors du premier voyage de Cook ; James Morrison qui séjourna à Tahiti entre 1788 et 1791, ou encore William Ellis qui séjourna dans les îles de la Société entre 1816 et 1822 ».

Un objet personnel

Objet très personnel, l’appui-nuque ne pouvait être utilisé que par son propriétaire, la tête étant considérée comme la partie la plus sacrée du corps.  « Cette relation très forte entre l’individu et son appui-nuque était lié aussi au rôle très important que les Tahitiens accordaient aux rêves. Ils étaient utilisés par les dieux pour communiquer avec les humains et révéler leurs souhaits ou des informations à l’âme du dormeur ». En aucune manière il ne se transmettait de génération en génération. Du fait de cette sacralité, au décès de leur propriétaire, il était déposé dans leur lieu de sépulture.

PENU DE PUNAAUIA

Ce PENU (pilons) est fait de basalte, de calcite ou de corail, ils figurent parmi les objets domestiques traditionnels des polynésiens encore utilisés de nos jours.

PENU DE PUNAAUIA

Mensurations : H. 13,2 cms ; Diamètre 8 cms ; Pds. 751 grammes.

Façonné dans de la roche volcanique, et de forme conique, je suis un PENU, un pilon.

Quelque peu endommagée, ma base est légèrement arrondie, et mon sommet, de forme horizontale, brisé d’un côté, est creusé de trois sillons transversaux.

D’usage domestique, je sers aux préparations médicinales (RA’AU TAHITI), mais aussi à piler des tubercules ou réduire en pâte la pulpe de fruits pour la consommation.

Acquis auprès d’Al Wung en 1960 par la Société des Etudes Océaniennes (SEO) pour le compte du Musée de PAPEETE, je fais désormais partie des collections du Musée de Tahiti et Îles, Te Fare Manaha.

TI’I DE PUNARU’U

Représentation de forme humaine sculptée dans de la pierre, ce TI’I à usage religieux fut trouvé dans la vallée de PUNARU’U en 1925. Témoin du passé historique de la Ville de PUNAAUIA, et présente dans les collections du Musée de Tahiti et des Îles, cette statuette vient enrichir le patrimoine archéologique de la collectivité.

TI’I DE PUNAAUIA

Illustrations : TI’I ; PUNAAUIA ; Vallée de PUNARUU ; XIXème siècle. Mensurations : H. 61 cms ; E. 20 cms ; l. 30 cms ; Pds. 40.6.

Statuette anthropomorphe à usage religieux, je suis originaire de PUNAAUIA. 

De forme massive, je suis taillé dans de la roche volcanique. Mon dos est plat.  Ma tête circulaire présente deux yeux ainsi qu’une autre dépression circulaire, probablement mon nez. Mes deux bras courts et ma jambe gauche sont encore visibles.

Cassé en deux au milieu du buste, je fus découvert dissimulé dans le pavage d’un MARAE par Monsieur BOURNE en juillet 1925, le long du côté Est, à 3 km à l’intérieur de la vallée de PUNARU’U. Il pourrait d’ailleurs s’agir du MARAE TE ARA O TAHITI.

Je fus d’abord confié à l’ancien Musée de Papeete avant d’être intégré dans les collections du Musée de Tahiti et des îles, Te Fare Manaha.

UTILISATIONS DES TI’I

Dans leurs récits, navigateurs et missionnaires apportent quelques précisions sur l’utilisation du TI’I par le peuple polynésien. Ainsi :

  •  « Pour Wilson (1799), les ti’i étaient liés aux droits fonciers d’un groupe familial sur une terre.
  • Pour K. Emory (1933), ils étaient les gardiens chargés de protéger l’enceinte sacrée du marae (lieu de culte). Les ti’i pouvaient également représenter des dieux liés à la sorcellerie et étaient placés à l’intérieur de petits marae sans ahu (plate-forme).
  • Pour Moerenhout (1837), les ti’i marquaient la limite entre le domaine de la terre et celui de la mer.
  • Pour T. Henry (1928), ils étaient intimement liés à la caste des sorciers et à leurs activités. Les ti’i apportaient la destruction ou la protection contre celle-ci.
  • Et pour Handy (1927), les ti’i favorisaient la fertilité de la terre et la réussite des récoltes (exemple : culture du taro…) ».

Si de nombreuses utilisations ont été allouées aux TI’I, il n’en demeure pas moins que ces derniers conservent, aujourd’hui encore, une sacralité reconnue et respectée par les familles tahitiennes de toutes les îles, de tous les archipels de la Polynésie française.