La passe Ta'apuna
« Dans la perception MÄâohi, les terres ne sâarrĂȘtent pas en bordure de plage mais se prolongent dans le lagon jusquâĂ un pĂątĂ© de corail, un haut-fond, un rĂ©cif ou une passe ».
Ainsi, zone rĂ©sidentielle par excellence des « ARIâI » qui sâattribuaient le littoral, « la Pointe dite OROHITI (n°82Bis) et sa Passe TUATAMIRO », aujourdâhui dĂ©nommĂ©e TAâAPUNA, fut autrefois une bordure privilĂ©giĂ©e pour le passage et lâaccostage de leur pirogue royale.
TUATAMIRO â TAâAPUNA Ă lâorigine du nom de PUNAAUIA
Deux lĂ©gendes principales apportent chacune leur version de lâappellation de PUNAAUIA : la lĂ©gende de la princesse PEREITAI, et celle du guerrier PUNA.
Dans le premier rĂ©cit, câest au lieu-dit TUATAMIRO, aujourdâhui dĂ©nommĂ© TAâAPUNA, que la belle mĂ©lodie de PĂ-I-ROROI-TAU se fit entendre lorsque MATAâIRUAPUNA, soufflant dans la conque sacrĂ©e qui lui fut offerte dans le PĂ, ainsi que sa sĆur la Princesse PEREITAâI de TEFANA furent ramenĂ©s dans le royaume des vivants. Ils furent chaleureusement reçus par le Chef POHUETEA Ă qui le jeune fit don de la conque sacrĂ©e. Fort reconnaissant de ce geste, le Chef dĂ©cida de donner le nom de PUNAAUIA Ă MANOTAHI, soit, « La conque est mienne » (« E pĆ« nÄ au ĂŻa »).
Le second rĂ©cit quant Ă lui, fait Ă©tat des pĂ©ripĂ©ties du guerrier PUNA qui fut sacrifiĂ© et offert en offrande au dieu TAâAROA. La pointe oĂč le combat eut lieu et oĂč la mĂąchoire de PUNA fut cassĂ©e, fut appelĂ©e TAâAPUNA (TAâA: mĂąchoire [de PUNA]), la vallĂ©e oĂč il fut ligotĂ© prit le nom de PUNARUU (RUU: ligoter), et le territoire oĂč il fut sacrifiĂ© PUNAâAUVIHIA (de AUVI HIA: sacrifiĂ©) fut nommĂ© PUNAAUIA.
1846 : La bataille de TAâAPUNA
Durant la « Guerre Franco-Tahitienne », PUNAAUIA est le thĂ©Ăątre de nombreux affrontements, aussi bien Ă lâintĂ©rieur de ses terres que sur son littoral.
Le 12 avril 1846, TAâAPUNA devient le tĂ©moin de lâattaque des indigĂšnes contre lâarmĂ©e française qui est alors repoussĂ©e vers FAAâA. Ayant construit un retranchement en face du chenal, les troupes tahitiennes aperçoivent le navire de guerre Ă vapeur le PhaĂ«ton sâengager dans la passe pour y dĂ©barquer ses soldats. A terre, lâinĂ©vitable bataille entre les deux camps engrange des pertes humaines des deux cĂŽtĂ©s.
TUATAMIRO â TAâAPUNA, un site de tout temps dĂ©diĂ© au sport
Grande passe de PUNAAUIA, TUATAMIRO â TAâAPUNA fut de tout temps un site dĂ©diĂ© au sport.
En 1777, lors de son troisiĂšme voyage Ă Tahiti, le capitaine COOK Ă©crivit son premier tĂ©moignage sur le surf (« HĆRUE » en tahitien). Sâen suivra un deuxiĂšme tĂ©moignage rĂ©digĂ© par le second maĂźtre Ă bord de La Bounty, James Morrison, dans son journal en 1792; voici ce quâil Ă©crivit: « Lorsque les vents dâouest dominent, une houle de trĂšs hautes vagues vient se briser sur la plage ce qui est lâoccasion dâun sport trĂšs apprĂ©ciĂ© ; lâendroit choisi Ă©tant celui oĂč les vagues brisent avec le plus de violence. Pour cet amusement, ils prennent une planche dâune longueur variable et nageant jusquâĂ la naissance de la houle attendent la formation dâune vague, quelquefois Ă plus dâun mille du rivage, et sâĂ©tendant Ă plat ventre sur la planche se tiennent sur lâarĂȘte de la vague de façon Ă avancer avec elle avec une rapiditĂ© extraordinaire. Lorsquâelle commence Ă briser ils se retournent avec dextĂ©ritĂ© et plongeant sous la crĂȘte repartent vers le large avec leur planche. Hommes et femmes excellent dans ce sport et certains sont mĂȘme capables de se tenir debout sur la planche jusquâĂ ce que la vague se brise ».
Avec ses dĂ©ferlantes exceptionnelles, la Passe de TAâAPUNA est aujourdâhui mondialement connue. Un patrimoine marin exceptionnel qui renferme dans ses eaux des souvenirs historiques et sportifs.