La passe Ta'apuna

15/10/2023 - 3 minutes de lecture

« Dans la perception Mā’ohi, les terres ne s’arrĂȘtent pas en bordure de plage mais se prolongent dans le lagon jusqu’à un pĂątĂ© de corail, un haut-fond, un rĂ©cif ou une passe Â».

Ainsi, zone rĂ©sidentielle par excellence des « ARI’I Â» qui s’attribuaient le littoral, « la Pointe dite OROHITI (n°82Bis) et sa Passe TUATAMIRO Â», aujourd’hui dĂ©nommĂ©e TA’APUNA, fut autrefois une bordure privilĂ©giĂ©e pour le passage et l’accostage de leur pirogue royale.

TUATAMIRO – TA’APUNA à l’origine du nom de PUNAAUIA

Deux lĂ©gendes principales apportent chacune leur version de l’appellation de PUNAAUIA : la lĂ©gende de la princesse PEREITAI, et celle du guerrier PUNA.

Dans le premier rĂ©cit, c’est au lieu-dit TUATAMIRO, aujourd’hui dĂ©nommĂ© TA’APUNA, que la belle mĂ©lodie de PÛ-I-ROROI-TAU se fit entendre lorsque MATA’IRUAPUNA, soufflant dans la conque sacrĂ©e qui lui fut offerte dans le PÔ, ainsi que sa sƓur la Princesse PEREITA’I de TEFANA furent ramenĂ©s dans le royaume des vivants. Ils furent chaleureusement reçus par le Chef POHUETEA Ă  qui le jeune fit don de la conque sacrĂ©e. Fort reconnaissant de ce geste, le Chef dĂ©cida de donner le nom de PUNAAUIA Ă  MANOTAHI, soit, « La conque est mienne » (« E pĆ« nā au ĂŻa »).

 Le second rĂ©cit quant Ă  lui, fait Ă©tat des pĂ©ripĂ©ties du guerrier PUNA qui fut sacrifiĂ© et offert en offrande au dieu TA’AROA. La pointe oĂč le combat eut lieu et oĂč la mĂąchoire de PUNA fut cassĂ©e, fut appelĂ©e TA’APUNA (TA’A: mĂąchoire [de PUNA]), la vallĂ©e oĂč il fut ligotĂ© prit le nom de PUNARUU (RUU: ligoter), et le territoire oĂč il fut sacrifiĂ© PUNA’AUVIHIA (de AUVI HIA: sacrifiĂ©) fut nommĂ© PUNAAUIA. 

1846 : La bataille de TA’APUNA

Durant la « Guerre Franco-Tahitienne Â», PUNAAUIA est le thĂ©Ăątre de nombreux affrontements, aussi bien Ă  l’intĂ©rieur de ses terres que sur son littoral.

Le 12 avril 1846, TA’APUNA devient le tĂ©moin de l’attaque des indigĂšnes contre l’armĂ©e française qui est alors repoussĂ©e vers FAA’A. Ayant construit un retranchement en face du chenal, les troupes tahitiennes aperçoivent le navire de guerre Ă  vapeur le PhaĂ«ton s’engager dans la passe pour y dĂ©barquer ses soldats. A terre, l’inĂ©vitable bataille entre les deux camps engrange des pertes humaines des deux cĂŽtĂ©s.

TUATAMIRO – TA’APUNA, un site de tout temps dĂ©diĂ© au sport

Grande passe de PUNAAUIA, TUATAMIRO – TA’APUNA fut de tout temps un site dĂ©diĂ© au sport.

En 1777, lors de son troisiĂšme voyage Ă  Tahiti, le capitaine COOK Ă©crivit son premier tĂ©moignage sur le surf (« HƌRUE Â» en tahitien). S’en suivra un deuxiĂšme tĂ©moignage rĂ©digĂ© par le second maĂźtre Ă  bord de La Bounty, James Morrison, dans son journal en 1792; voici ce qu’il Ă©crivit: « Lorsque les vents d’ouest dominent, une houle de trĂšs hautes vagues vient se briser sur la plage ce qui est l’occasion d’un sport trĂšs apprĂ©ciĂ© ; l’endroit choisi Ă©tant celui oĂč les vagues brisent avec le plus de violence. Pour cet amusement, ils prennent une planche d’une longueur variable et nageant jusqu’à la naissance de la houle attendent la formation d’une vague, quelquefois Ă  plus d’un mille du rivage, et s’étendant Ă  plat ventre sur la planche se tiennent sur l’arĂȘte de la vague de façon Ă  avancer avec elle avec une rapiditĂ© extraordinaire. Lorsqu’elle commence Ă  briser ils se retournent avec dextĂ©ritĂ© et plongeant sous la crĂȘte repartent vers le large avec leur planche. Hommes et femmes excellent dans ce sport et certains sont mĂȘme capables de se tenir debout sur la planche jusqu’à ce que la vague se brise Â».  

Avec ses dĂ©ferlantes exceptionnelles, la Passe de TA’APUNA est aujourd’hui mondialement connue. Un patrimoine marin exceptionnel qui renferme dans ses eaux des souvenirs historiques et sportifs.